L’ancien gouverneur de la province du Kasaï, Dieudonné Pieme Tutokot, a présenté une note politique dans laquelle il appelle à une hiérarchisation du contrôle parlementaire, considérée comme un gage de stabilité institutionnelle et de paix politique dans les provinces de la République démocratique du Congo.
Cette réflexion, intitulée « La hiérarchisation du contrôle parlementaire : gage de quiétude institutionnelle et de stabilité politique dans les provinces », propose une lecture apaisée et constructive des rapports entre les assemblées provinciales et les exécutifs locaux.
Selon Dieudonné Pieme, le contrôle parlementaire, tel que consacré par la Constitution du 18 février 2006, ne doit pas être perçu comme un champ de bataille politique, mais comme un espace de dialogue entre le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif.
« Contrôler, ce n’est pas combattre, mais équilibrer », soutient-il, estimant que le contrôle doit viser la correction des écarts de gouvernance sans compromettre la cohésion institutionnelle.
L’ancien gouverneur propose une progression hiérarchisée du contrôle allant de la question à l’interpellation, puis à la motion de défiance comme clé d’une gouvernance équilibrée.
Ce processus, selon lui, permet à l’Assemblée provinciale de manifester sa maturité politique : « corriger avant de sanctionner, dialoguer avant de rompre, préserver avant de renverser ».
Pour Dieudonné Pieme, cette approche graduelle agit comme une pédagogie politique, favorisant la confiance mutuelle entre députés et gouverneurs.
Elle évite la « brutalisation des relations institutionnelles » et transforme le contrôle parlementaire en instrument de pacification, plutôt qu’en levier de déstabilisation.
L’ancien gouverneur met également en garde contre l’usage excessif et précipité des motions de défiance, souvent à l’origine de crises politiques et de blocages administratifs dans plusieurs provinces.
Ces dérives, souligne-t-il, affaiblissent la décentralisation et découragent les partenaires techniques et financiers.
Dans sa note, Pieme recommande la codification de cette hiérarchisation dans les règlements intérieurs des Assemblées provinciales, afin d’en faire une norme institutionnelle.
Il plaide pour que la séquence logique « question → interpellation → motion » devienne une condition de recevabilité de toute motion de défiance, renforçant ainsi la discipline parlementaire et la prévisibilité politique.
En conclusion, Dieudonné Pieme défend une vision de la gouvernance fondée sur la concertation et la responsabilité partagée.
« Sans hiérarchisation, le contrôle parlementaire devient une épée. Avec hiérarchisation, il devient un levier de stabilité et de cohésion », résume-t-il.
Pour lui, cette réforme est indispensable à la consolidation de la paix institutionnelle, à la continuité de l’action publique et, in fine, au développement harmonieux des provinces congolaises.
Franck Mubeneshay








